Médias & Arts

ÉCOLE THÉMATIQUE INTERNATIONALE

6ème Colloque du Réseau Franco-Italien de Recherche Interdisciplinaire

COMMUNICATION –  LANGAGE – CRÉATION

Partenaires 2024

19 & 20 SEPTEMBRE 2024

L’EUR InterMEDIUS (https://intermedius.univ-avignon.fr/) et plusieurs partenaires organisent l’École Thématique Internationale « Médias et Arts ». Ces journées scientifiques s’inscrivent dans le Réseau franco-italien de recherche interdisciplinaire (https://fr-it.org/) qui vise à solidifier les liens entre des universités françaises et italiennes autour de projets destinés aux disciplines des sciences humaines et sociales et des arts. Depuis douze ans, ce réseau a permis l’organisation de cinq manifestations majeures (Bordeaux 2012, Bologne 2014, Paris 2017, Bordeaux 2019, Rome 2022) avec publication des actes. La prochaine édition, labellisée par l’UFI (https://www.universite-franco-italienne.org), est prévue à Avignon les 19 et 20 septembre 2024.

Aujourd’hui, la vision industrielle de la création (normalisation, rationalisation, génération) se développe dans de nombreux secteurs de la société, si bien qu’il devient difficile de distinguer les « artistes » (et leurs œuvres) des « créateurs » (et leurs contenus médiatiques). Cet événement permettra d’explorer les enjeux épistémologiques liés au concept de « création », l’un des quatre axes fondateurs de l’EUR InterMEDIUS.

32 intervenants scientifiques

Médias & Arts

8 disciplines scientifiques

Médias & Arts

12 structures scientifiques

Médias & Arts

7 panels scientifiques

Médias & Arts

Axe 1 : Les arts dans les médias

Responsables : Marie-Caroline Neuvillers, Gaëtan Rivière

Au moment où les industries culturelles et créatives (ICC) s’agrègent à certains médias hérités de la cybernétique (Wiener, 1952) sur une multiplicité d’écrans (Chabert, 2017), divers formats apparaissent : de l’art numérique aux écritures interactives (Ibanez Bueno et al., 2021), en passant par les imaginaires transmédiatiques (Leiduan, 2023), les web-séries (Neuvillers, 2019), les expériences immersives (Ghoul Samson et Bonfils, 2018) ou les médias de médias (Renucci et al., 2020). Dès lors, nous pourrions nous risquer à cloisonner la création artistique dans une énième forme d’automatisation (Stiegler, 2015) de l’information ordonnée par les médias numériques. Or, l’artiste n’informe pas, il communique (Renucci et Galli, 2022). Une œuvre ne nous renseigne pas sur un sujet ou son auteur, mais elle permet à ce dernier de communiquer des sentiments. L’artiste, émetteur incarné, fait émerger des créations à partir de son corps vivant (Damasio, 2017). Le public, récepteur, se met à interpréter, avec tous les malentendus heuristiques associés. Peut-on remonter jusqu’à l’acte de communication tantôt politique, tantôt éthique, qui sous-tend la création ? Les médias peuvent-ils devenir des outils pour la création ?

Dans ce mouvement d’intégration des arts dans les médias, les arts du spectacle vivant investissent les technologies (Féral et Perrot, 2013), se faisant natifs d’un univers où leur corporéité inhérente n’aurait pas droit de cité. L’intermédialité des pratiques permet l’essor de nouvelles disciplines comme, par exemple, le Screen Circus, la Screendance (Rosenberg, 2012) ou encore le théâtre immersif (Garson, 2021 ; Biggin, 2017). Alors que le spectacle vivant à l’ère numérique porte en lui un grand nombre d’enjeux dans la création et la diffusion (Gonzalez et Landau, 2022), les artistes cherchent à s’approprier les médias et les plateformes, les explorer, créer, éditorialiser leurs contenus pour se raconter publiquement, performant de nouvelles virtualités. Ces potentialités sont mises en tension avec les normes économiques et productivistes propres à l’écosystème intégré. En reprenant les codes des nouveaux médias, comme le dévoilement du work in progress, les artistes se confrontent à un autre agent de l’art que sont les plateformes numériques elles-mêmes. Cette économie de la création numérique intègre de nouveaux acteurs par le biais d’un dispositif fondé sur l’idée de créativité. En effet, les usages de la notion de « créativité » – courante dans les discours produits par les industries culturelles et créatives – sont autant d’injonctions à la créativité (Bouquillion, Miège et Mœglin, 2015) pour des publics que des pratiques permettent de qualifier de spectateurs-acteurs. La multitude d’outils mis à disposition des utilisateurs les enjoignent à produire et faire circuler des contenus dont les formes sont aussi le résultat de contraintes et de directions du dispositif de ces plateformes. Ces dernières sont le moyen de contourner les intermédiaires traditionnels du monde des médias. Elles permettent d’intégrer des logiques de création et de production nouvelles fondées sur l’entreprise individuelle, se faisant l’agent omnipotent de ce nouvel écosystème de création.

Nous privilégierons dans cet axe les corpus qui permettent d’étudier la tension entre la « créativité », d’une part, dans le sillage de l’industrialisation de la culture, et la « création », d’autre part, qui est en rupture avec ces logiques. Les pratiques d’artistes et/ou de chercheurs de nombreuses disciplines pourraient être approchées grâce à l’analyse des traces de leurs travaux (discursives, iconographiques, médiatiques, etc.). Certains corpus pourraient fournir des connaissances décisives sur des aspects méconnus du processus de création. L’angle des médias offre des perspectives interdisciplinaires stimulantes pour repérer « l’art en train de se faire », du fait du nombre important de documents, données et méthodes (quantitatives, qualitatives) disponibles pour analyser les créations des auteurs et l’ensemble de la chaîne qui permet ces réalisations, jusqu’à leur diffusion médiatique et leur réception par les différents publics.

Axe 2 : Les médias dans les arts

Responsables : Sam Cornu, Nathalie Macé

Les rapports entre les médias et les arts peuvent aussi être étudiés sous le signe de l’inclusion des premiers dans les seconds. Les médias deviennent alors soit les sujets ou les objets de la représentation artistique, soit les moyens ou les outils de la représentation. Les rivaux, voire porteurs d’une menace, qu’ils sont souvent dans l’esprit des artistes dans le domaine de la communication avec le public, sont récupérés, exploités, montrés ou démontés dans des œuvres qui prennent dès lors volontiers une dimension autoréflexive. Les études de cet axe pourront s’intéresser aux médias les plus variés (presse écrite, radio, télévision, cinéma, Internet, etc.) et à tous les arts (littérature, théâtre, opéra, cirque et autres arts du spectacle vivant, cinéma, peinture, photographie, etc.), dans toutes les aires géographiques et à différentes époques. En France, on pourrait mesurer l’évolution parcourue depuis le XIXe siècle qui voit se développer considérablement la presse écrite (comme l’a montré Honoré de Balzac dans son roman Illusions perdues), jusqu’à notre époque contemporaine qui multiplie les supports médiatiques et numériques, en passant par les bouleversements induits par le cinéma (Guérin, 2007), la radio (Le Rêveur de Jean Vauthier met en scène la confrontation entre un poète idéaliste et un producteur de radio cynique et manipulateur) et la télévision (au centre de la pièce de Michel Vinaver L’Émission de télévision ou de la pièce de Patrick Tudoret Les Hauts Plateaux).

Au XXIe siècle, si les nouveaux médias intègrent les arts du spectacle vivant, développant les mouvements d’arts du spectacle numériques ou de digital performances (Dixon, 2007 ; Rush, 2005), les dispositifs technologiques s’intègrent, dans leur matérialité même, dans les propositions dramaturgiques (Eckersall, Grehan et Scheer, 2016) et scénographiques. Ces disciplines hybrides entre arts visuels et arts du corps explorent de nouveaux champs : dévoilement de l’invisible, exploration des espaces-temps, transformation de la matière. La scène devient le carrefour de différents médias et le spectacle se fait intermédial (Pluta, 2011) produisant de nouveaux modes de représentation : stratégies dramaturgiques, mises en scène des mots, des images et des sons, repositionnement des corps dans l’espace et le temps et l’interrelation de ces deux plans (Chapple et Kattenbelt, 2006). Par exemple, dans Le Mouvement de l’air, Claire B et Adrien M rendent visible la manière dont les corps changent par la superposition des images sur le réel ; les animaux holographiques de l’Écocirque permettent d’explorer de nouvelles écopoétiques (Rivière, 2022) ; les écrans gigantesques du jeune artiste Éric Minh Cuong Castaing interrogent les technologies, expérimentant l’empathie numérique prise dans le mouvement incessant du live stream.

Quand les médias apparaissent dans une œuvre artistique, notamment sous la forme de personnages ou de situations, il s’agira de se demander quels aspects sont mis en avant : commerciaux, idéologiques, esthétiques ? Il sera également intéressant d’approfondir les motivations de ces choix de représentation : pourquoi donner à voir ou à entendre les relations entre les deux formes de communication artistique et médiatique ? Pour interroger leurs tensions ou leurs liens ? Pour comparer leurs moyens et leurs enjeux ? Enfin, dans les arts du spectacle vivant, comment pourrait-on questionner les formes hybrides qui résultent de l’utilisation des médias comme moyens de la création artistique ?

PROGRAMME COMPLET DE L'ÉCOLE THÉMATIQUE

Comités interdisciplinaires

Comité d'organisation
Comité scientifique

Sam Cornu (Avignon Université), David Galli (Avignon Université), Nathalie Macé (Avignon Université), Marie-Caroline Neuvillers (Avignon Université), Franck Renucci (Université de Toulon), Gaëtan Rivière (Centre National des Arts du Cirque), Laura Santone (Università Roma Tre), Pascale Vergely (Université de Bordeaux)

En cours de finalisation : Jean-Michel Denizart (Université de Toulon), David Galli (Avignon Université), Jacques Ghoul Samson (Université de Toulon), Jeanne Ferrari-Giovanangeli (Université Paris Nanterre), Jeanyves Guérin (Université Sorbonne Nouvelle), Laurent Fauré (Université Paul Valéry Montpellier 3), Michel Durampart (Université de Toulon), Gustavo Gomez-Mejia (Université de Tours), Marie-Claude Hubert (Aix-Marseille Université), Jacques Ibanez Bueno (Université Savoie Mont Blanc), Alessandro Leiduan (Université de Toulon), Danielle Londei (Università di Bologna), Nathalie Macé (Avignon Université), Sophie Moirand (Université Sorbonne Nouvelle), Marie-Caroline Neuvillers (Avignon Université), Louis-Claude Paquin (Université du Québec à Montréal), Lydie Parisse (Université Toulouse 2 Jean Jaurès), Sandrine Reboul-Touré (Université Sorbonne Nouvelle), Licia Reggiani (Università di Bologna), Franck Renucci (Université de Toulon), Micaela Rossi (Présidente du Do.Ri.f Université), Gaëtan Rivière (Centre National des Arts du Cirque), Laura Santone (Università Roma Tre), Pascale Vergely (Université de Bordeaux), Hervé Zénouda (Université de Toulon)

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Bibliographie sélective

Aroufoune, B. (2023). À la racine du récit. Écriture, création, communication. Paris : L’Harmattan.

Becker, H, Peretz, H. (2009). Artistes, écrivains, chercheurs et représentations sociales. Paris : La Découverte.

Biggin, R. (2017). Immersive Theatre and Audience Experience: Space, Game and Story in the Work of Punchdrunk. Palgrave Macmillan.

Boudier, M., Déchery, C. (2022). Artistes-chercheur·es, chercheur·es-artistes. Performer les savoirs. Dijon : Les presses du réel.

Bouquilllion P., Miège B., Mœglin, P. (2015). « Industries du contenu et industries de la communication. Contribution à une déconstruction de la notion de créativité », Les Enjeux de l’information et de la communication, n°16/3B, pp. 17-26

Chabert, G. (2017). « L’écran au pluriel », Interfaces numériques, n°6(2). 

Chapple, F., Kattenbel, C. (2006). Intermediality in Theatre and Performance. Amsterdam ; New York : Rodopi.

Damasio, A. (2017). L’Ordre étrange des choses : La vie, les sentiments et la fabrique de la culture. Paris : Odile Jacob.

Danetis, D. (2007). Pratiques artistiques et pratiques de recherche. Paris : L’Harmattan.

Dixon, S. (2007). Digital Performance. A history of new media in theater, dance, performance art, and installation. Cambridge ; Londres : The MIT Press.

Eckersall, P., Grehan, H., Scheer, E. (2016). « New media dramaturgy ». Dans Romanska, M. (dir.), The Routledge Companion to Dramaturgy. Abingdon ; New York : Routledge, pp. 375-380.

Féral, J., Perrot, E. (2013). Le réel à l’épreuve des technologies. Les arts de la scène et les arts médiatiques. Rennes : Presses universitaires de Rennes.

Galli, D., Galliano, C., Lambert, V. (2024). Tiers lieux culturels : Tome 1. Identités en création. Paris : L’Harmattan.

Garson, C. (2021). « Putting VR Technology into Documentary. Reflections and Speculations on a New Immersive Theatre Genre in Britain », Coup de Théâtre, n° 35, pp. 93-108.

Ghoul Samson, J., Bonfils, P. (2018). « L’expérience communicationnelle immersive dans WoW, entre présence et engagement », Interfaces numériques, vol. 7/1.

Gonzalez, M., Landau, H. (2022). Le Théâtre à l’ère du numérique : Convergences et paradoxes. Avignon : Éditions Universitaires d’Avignon.

Guérin, J. (2007). Le Théâtre en France de 1914 à 1950. Paris : Honoré Champion éditeur, pp. 57-63 (« Théâtre et cinéma »).

Horkheimer, M., Adorno, T. W. (1944, 1974). La dialectique de la raison. Paris : Gallimard.

Ibanez Bueno, J., Marín, A. (2021). « Images interactives et nouvelles écritures. Un mouvement émergent pour de nouvelles écritures interactives », Revue française des méthodes visuelles, n°5.

Laurier, D., Lavoie, N. (2013). « Le point de vue du chercheur-créateur sur la question méthodologique : une démarche allant de l’énonciation de ses représentations à sa compréhension », Recherches qualitatives, n°32(2).

Leiduan, A. (2023). « L’imaginaire transmédiatique et sa signification politique ». Dans Roux, U., Gagnebien, A., Leiduan, A. (dirs.), Les Cahiers des Champs Visuels, n°25, pp. 15-45.

Neuvillers, M-C. (2019).  « Télévision et web-séries : « je t’aime, moi non plus » ou les enjeux d’une double nécessité », Télévision, n°10, pp. 109-125.

Parisse, L., Swoboda, T. (dir.) (2024). Processus créateur et voies négatives. Paris : Revue des Lettres Modernes Minard/ Classiques Garnier, coll. « Processus créateurs ».

Paquin, L.-C., Noury, C. (2020). « Petit récit de l’émergence de la recherche-création médiatique à l’UQAM et quelques propositions pour en guider la pratique »Communiquer, La communication à l’UQAM, pp. 103-136.

Pavis, P. (2010). La Mise en scène contemporaine. Origines, tendances, perspectives. Paris : Armand Colin, Collection U Lettres (2° édition), chap. 8 (« Les médias sur la scène »).

Picon-Vallin, B. (dir.) (1998). Les Écrans sur la scène. Tentations et résistances de la scène face aux images. Lausanne : Éditions L’Âge d’Homme.

Pluta, I. (2011). L’Acteur et l’intermédialité. Les nouveaux enjeux pour l’interprète et la scène à l’ère technologique. Lausanne : Editions L’Age d’Homme.

Pluta, I. (dir. avec la collaboration de Girot G.) (2017). Metteur en scène aujourd’hui. Identité artistique en question ? Rennes : Presses universitaires de Rennes, collection « Le Spectaculaire », chap. 5 (« Apprivoiser le dispositif technologique »).

Renucci, F., Réol, J.-M. (2015). L’Artiste, un chercheur pas comme les autres. Hermès, la Revue, n°72.

Renucci, F., Le Blanc, B., Galli, D. (2020). « Communication et études de l’IA : mémoire du futur », Interfaces numériques, vol. 9/1.

Renucci, F, Galli, D (2022). « L’essai, une recherche-création pour les sciences de la communication », Communication, vol. 39/1.

Rivière, G., Galli, D. (2023). « Former par la communication : une recherche-création vivante », Champs culturels, n°31, pp. 16-21.

Rivière, G. (2022). « L’Adieu aux animaux : les usages circassiens du numérique face aux disciplines traditionnelles. Le cas des animaux holographiques de l’Écocirque », Circus Sciences, n°3, pp. 73-84.

Rosenberg, D. (2012). Screendance. Inscribing the Ephemeral Image. Oxford : Oxford University Press.

Rush, M. (2005). Les Nouveaux médias dans l’art. Paris : Thames & Hudson.

Santone, L. (2023). Rimediare, performare, intermediare: il corpo sonoro della scrittura. Roma TrE-Press.

Simondon, G. (1958, 2012). Du mode d’existence des objets techniques. Paris : Aubier.

Stiegler, B. (2015). La Société automatique. 1. L’avenir du travail. Paris : Fayard.

Talon-Hugon, C. (2021). L’Artiste en habits de chercheur. Paris : Presses universitaires de France.

Wiener, N. (1952, 2014). Cybernétique et société. Paris : Points.

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David Galli © 2024

Médias & Arts

19 et 20 septembre 2024, Avignon