6ème Colloque du Réseau Franco-Italien de Recherche Interdisciplinaire
COMMUNICATION – LANGAGE – CRÉATION
L’EUR InterMEDIUS (https://intermedius.univ-avignon.fr/) et plusieurs partenaires organisent l’École Thématique Internationale « Médias et Arts ». Ces journées scientifiques s’inscrivent dans le Réseau franco-italien de recherche interdisciplinaire (https://fr-it.org/) qui vise à solidifier les liens entre des universités françaises et italiennes autour de projets destinés aux disciplines des sciences humaines et sociales et des arts. Depuis douze ans, ce réseau a permis l’organisation de cinq manifestations majeures (Bordeaux 2012, Bologne 2014, Paris 2017, Bordeaux 2019, Rome 2022) avec publication des actes. La prochaine édition, labellisée par l’UFI (https://www.universite-franco-italienne.org), est prévue à Avignon les 19 et 20 septembre 2024.
Aujourd’hui, la vision industrielle de la création (normalisation, rationalisation, génération) se développe dans de nombreux secteurs de la société, si bien qu’il devient difficile de distinguer les « artistes » (et leurs œuvres) des « créateurs » (et leurs contenus médiatiques). Cet événement permettra d’explorer les enjeux épistémologiques liés au concept de « création », l’un des quatre axes fondateurs de l’EUR InterMEDIUS.
SALLE DES THÈSES
Avignon Université – Campus Hannah Arendt
74, rue Louis Pasteur – 84000 AVIGNON
Espace réservé aux intervenantes et intervenants de l’événement.
AMPHITHÉÂTRE 2E02
PREMIER PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Nathalie Macé
Professeur émérite de littérature française à l’Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle.
Résumé : La presse écrite, du temps où elle était le médium dominant, a fait appel aux écrivains célèbres ou émergents. Elle a fait d’eux des critiques, des chroniqueurs mais aussi des reporters. D’où plusieurs cas : écrivain journaliste (Mauriac), écrivain et écrivant journaliste (Audiberti). Le journalisme peut apporter un surcroît d’influence ou être une besogne pour le créateur.
Maître de conférences HDR en philosophie. Mes principaux centres de recherche s’orientent en philosophie contemporaine sur les enjeux politiques et éthiques des activités humaines.
Résumé : Philosophes et écrivains n’ont jamais été tendres avec la figure du journaliste, et ce dès la naissance de la presse professionnelle. Goethe fut l’un des premiers intellectuels à dénoncer le gaspillage de temps et le manque de pudeur exacerbés par les journaux. Kierkegaard s’insurgeait contre les journalistes, « brigands semi-cultivés » qui parlent haut et fort de choses auxquelles ils ne comprennent rien (Charles, 2007, p. 17). Pour Nietzsche enfin la presse est à la fois le symptôme d’une maladie de la culture moderne et l’instrument d’un processus de reproduction sociale qui conduit à l’éradication de l’individuel au profit des masses et du conformisme. La finalité même des journaux, qui est de distraire, implique l’adoption d’un style simple, accessible à tous, sans relief ni profondeur. « On veut le confort et l’ébriété quand on lit : la plupart des choses qu’on lit relèvent du journalisme ou du genre journalistique. La liberté de la presse met le style et finalement l’esprit à terre (Fragments posthumes, X, II, novembre 1887-mars 1888, 218).
La critique de la presse et de sa fonction dans le cadre d’une économie de marché est pour ainsi dire aussi vieille que l’apparition de la presse comme objet de consommation culturelle (Noël Lemaitre, 2011). Sans concession pour nombre de philosophe, cette critique est beaucoup plus nuancée dans le monde de l’art, en particulier dans le cinéma où le journaliste peut apparaitre comme celui qui fait surgir la vérité au prix d’une lutte acharnée en particulier dans les newspaper film. Le cinéma apparait alors comme un révélateur puissant des représentations sociales qui entourent cette profession. L’enjeu de cette communication sera de proposer une synthèse de la manière dont le 7e art donne à voir le journaliste dans sa diversité en la confrontant à l’image qui en est fournie par la philosophie à partir d’une analyse des principaux films sortis au cinéma entre 2000 et 2024 aux Etats-Unis et en France. Que nous apprend le cinéma sur la manière dont nous nous représentons en 2024 les journalistes en Occident ?
Bibliographie sélective :
Sonia Dayan Herzbrun, (2010), Le journalisme au cinéma, Paris, Seuil.
Charles Monique, (2007), Kierkegaard, Atmosphère d’angoisse et de passion, Paris, L’Harmattan.
Christine Noël Lemaitre, (2011), « Nietzsche critique de la presse », L’enseignement philosophique, vol. 61, no. 6, pp. 6-14.
Agrégée de Lettres Modernes et enseignant-chercheur à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3.
Résumé : Dans cette communication, nous nous pencherons sur la convergence entre le théâtre, les médias et la mémoire de la guerre, en prenant pour objet d’étude la pièce _Mère _de Wajdi Mouawad, créée en 2023 à La Colline. Cette œuvre explore comment le théâtre contemporain intègre les nouvelles technologies pour médiatiser des récits personnels et collectifs, notamment ceux des conflits tels que la guerre civile au Liban. La présence sur scène de Christine Ockrent, ancienne présentatrice du JT durant cette période, apporte une dimension unique à la représentation, offrant un dialogue entre la journaliste, l’enfant qu’était Mouawad àl’époque et le metteur en scène qu’il est aujourd’hui.
En mettant en lumière des épisodes clés de la couverture médiatique de la guerre au Liban, tels que le massacre de Sabra et Chatila en 1982 et l’affaire des otages (1982-1988), la pièce interroge également les processus de médiation de l’information et les dilemmes éthiques auxquels font face les journalistes. Ainsi, _Mère_ soulève des questions profondes sur la manière dont la guerre est médiatisée et ressentie, tant au sein des rédactions que dans les mémoires individuelles et familiales.
A l’ère des nouvelles technologies, cette communication propose ainsi d’approfondir la réflexion sur les enjeux de représentation et les possibilités du théâtre dans le contexte de la médiatisation de la guerre.
DEUXIÈME PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Pascale Vergely
Maître de conférences à l’Université de Toulon.
Résumé : Selon une interprétation qui découle d’une thèse célèbre de McLuhan, l’histoire de l’art serait rythmée par l’évolution technique, chaque société modelant ses performances artistiques sur le dispositif technologique qui, parmi ceux qui supportent les pratiques de communication, se retrouve en position hégémonique. À rebours de cette thèse, nous pensons que le progrès technologique n’est pas le seul moteur de l’histoire de l’art. Les sociétés, en effet, ne redéfinissent pas leurs attentes culturelles à chaque nouvelle invention technologique, elles forcent plutôt toute nouvelle création à satisfaire des attentes qui existaient déjà, et dont le caractère stable se transmet d’une époque à l’autre, sans altération majeure (les « invariants culturels » étudiés par les anthropologues).
Les créations numériques ne font pas exception à la règle. Leur étude ne saurait prendre forme qu’à l’intérieur d’une perspective trans-historique, cherchant à saisir les continuités et les discontinuités entre les œuvres d’art créées avant et après l’avènement des médias numériques. Alliant les registres expressifs du jeu et de la fiction, la fiction interactive est une forme d’écriture intrinsèquement numérique (Renucci 2003, Bouchardon 2008). En nous appuyant sur la fiction interactive Die or Wei de Simon Buysson (2015), nous chercherons à comprendre, à travers elle, comment se déploie le rapport entre les catégories artistiques dont elle relève (la fiction et le jeu) et le dispositif qui sous-tend son support médiatique (la technologie numérique).
Professeur émérite de littérature française à l’Université d’Aix-Marseille, Michel Bertrand a produit de nombreuses publications sur les phénomènes d’intertextualité et d’intergénéricité dans le roman et le théâtre des XXe et XXIe siècles. On trouve ainsi des articles sur Samuel Beckett, Eugène Ionesco ou Jean Genet, mais aussi des ouvrages comme le Dictionnaire Claude Simon (Honoré Champion).
Résumé : D’abord, il y a le premier pas, un pas en arrière, celui du retour. Puis, le récit de ce retour, constitué en parties, chapitres, épilogue. Une voix qui emprunte une voie, celle du sociologue qui revient sur un parcours de vie. Des mots qui transcrivent des images, celles intimes des photographies consultées par le narrateur avec sa mère ; celles extimes des grands moments vécus lors du déroulement de l’Histoire en train de se faire.
Un seul media, le livre qui ne concède d’image que sur sa couverture, une route dans l’édition de Fayard, une photographie du jeune Didier Eribon dans celle de Champs-Essais. Thomas Ostermeier redistribue les cartes en installant au centre de la scène une narratrice qui lit le texte de Retour à Reims et derrière elle un immense écran qui diffuse des images. Mais, cette fois la voie n’est pas toute tracée, car la voix s’interrompt interrogeant les images. En fait, le théâtre défait le livre, car il ne restitue pas un objet fini, mais un travail en train de s’accomplir.
La présente étude se propose d’interroger les modalités intervocaliques qui sont en œuvre à l’intérieur de chacun des médias, puis les procédures qui s’instaurent des uns aux autres, afin d’identifier les strates qui se mettent en place à l’intérieur du dispositif ainsi constitué, et ainsi de déterminer la teneur de la finalité dramatique qu’assigne Ostermeier à la déconstruction du substrat textuel originel. On l’aura compris, c’est dans cet entrelacs que s’expriment les voix du dire et que se profilent les voies du faire.
Doctorante contractuelle en histoire de l’art contemporain – histoire de la photographie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle est membre de l’ARIP (association de recherche sur l’image photographique) et du laboratoire HICSA. Ses recherches portent sur la scène photographique émergente en France au cours des années 1970. Elle a été co-commissaire, avec Michel Poivert, de l’exposition « Métamorphoses. La photographie en France. 1968-1989 » au Pavillon Populaire de Montpellier (2022) et prépare actuellement, en tant que commissaire scientifique, une exposition au Musée Cantini de Marseille sur les fonds photographiques du musée.
Résumé : En 1963, le magazine Harper’s Bazar publiait une série du photographe Lee Friedlander accompagné d’un texte de Walker Evans : Little Screens. Décrites comme de « petits poèmes de haine » par Evans, ces photographies représentent des écrans de télévision au sein d’intérieurs vides. Seule présence animée et objet central de la vie moderne, la télévision occupe une place nouvelle au sein des foyers américains de cette période ; sa confrontation avec l’appareil photo vient alors interroger la contemplation et signification de ces nouvelles images quotidiennes.
Au tournant des années 1970, ce face-à-face prend une nouvelle tournure, et ce, notamment en France. En effet, le pays de Niepce et Daguerre compte un grand nombre d’agences photographiques mais presque aucune reconnaissance artistique et institutionnelle du médium relégué au statut d’un « art moyen ». L’avènement télévisuel (on compte alors dix millions de postes dans les foyers franciliens en 1968) marque l’essoufflement de la presse illustrée, dont la disparition de Life en 1972 est la conséquence. L’arrivée du petit écran et son traitement audiovisuel de l’information inaugurent une véritable crise des usages où l’utilité de la photographie se voit questionnée. À ce trouble s’ajoute un contexte d’effervescence post-68 et de critique de la « société du spectacle » où le sensationnalisme informatif n’est plus attractif.
Une jeune génération de photographes émerge alors et va faire de la télévision un motif récurent de sa production. Face à cette altérité télévisuelle, ces photographes vont interroger par un ensemble de jeux visuels l’acte photographique, sa capacité à témoigner et à retranscrire la réalité. Si cette confrontation semble mettre en doute leur pratique, elle va pourtant leur permettre d’affirmer les spécificités de leur médium. À l’heure de l’émergence du post- modernisme et des pratiques mixed médias, la rencontre entre photographie et télévision va stimuler la reconnaissance d’image fixe ; émancipée du système de la consommation d’images désormais véhiculées par la télévision, la photographie va affirmer son statut créatif et subjectif par la figuration de l’aléatoire et de la banalité.
Cette communication se propose donc d’explorer l’influence du motif télévisuel en photographie dans un contexte de reconfiguration médiatique. À travers l’analyse des œuvres d’Arnaud Claass, Raymond Depardon, Bernard Descamps, Harry Gruyaert, François Hers, Claude Nori et Bernard Plossu, mise en parallèle avec des textes contemporains de leurs créations, nous tenterons de cerner les enjeux et les implications de ces représentations. En quoi ces photographies, tels de « petits poèmes de haine », révèlent-elles une critique sous-jacente de la culture télévisuelle et comment reflètent-elles les mutations médiatiques de leur époque ? L’objectif est de revisiter ces œuvres afin de comprendre comment elles réinterprètent et réagissent à l’omniprésence nouvelle du média télévisuel.
Références théoriques :
ANTON, Saul, Lee Friedlander : The Little Screens, Afterall Books, Londres, 2015
DEBORD, Guy, La Société du spectacle, [Éditions Buchet-Chastel, 1967], Gallimard, Paris, 2018
GATTINONI, Christian, La photographie en France. 1970-1995, Ministère des Affaires étrangères, Paris, 1996.
MICHAUD, Yves, « Critiques de la crédulité », Études photographiques, n°12, 2002, pp. 110-125.
MOREL, Gaëlle, Le photoreportage d’auteur. L’institution culturelle de la photographie en France depuis les années 1970, CNRS Editions, Paris, 2006
NORI, Claude, La Photographie française, Contrejour, Paris, 1988.
PIERRE, Michel, Une autre histoire du XXe, vol. 8, « 1970-1980. Les Années de doute », Gallimard, Paris, 1999.
ORY, Pascal, L’entre-deux-mai. La crise d’où nous venons. 1968-1981, [L’entre-deux-Mai: histoire culturelle de la France, mai 1968-mai 1981, Paris, Ed. du Seuil, 1983], Alma Editeurs, Paris, 2018.
POIVERT, Michel, La photographie contemporaine, [3e éd.], Flammarion, Paris, 2018.
JEANNENE, Jean-Noël, SAUVAGE, Monique, VEYRAT-MASSON, Isabelle, Histoire de la télévision française de 1935 à nos jours, Nouveau Monde Éditions, Paris, 2012
WILSON, Sarah, Figuration ‡ 68 : le monde visuel de la French theory, Les Presses du réel, Dijon, 2018.
Références iconographiques :
TOUSSAINT, Jean-Philippe, GRUYAERT, Harry, TV Shots, Steidl, Gottingen, Paris, 2007
PLOSSU, Bernard. Rétrospective 1958-2006 [cat. exp., Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, 16 février – 27 mai 2007], sld. François Carrassan, Sylvain Morand, Musées de Strasbourg, Strasbourg, 2007.
CLAASS, Arnaud, Contretemps, Creatis, Paris, 1978.
CUAU, Bernard, DEPARDON, Raymond, San Clemente, Centre national de la photographie, Paris, 1984.
NORI, Claude, Je vous aime, Édition Phot’œil, Paris 1979.
DESCAMPS, Bernard, Rencontres, Contrejour, Paris 1976.
Au-delà des apparences, Bernard Descamps, [cat.exp., 27 octobre 2022 – 16 avril 2023, Château de Tours, Tours], texte d’Héloïse Conesa, Filigranes Éditions, Landebaëron, 2022.
Depuis 2007, Hervé Zénouda est maître de conférences à l’UFR Ingémédia de l’Université de Toulon où il enseigne le design sonore et l’écriture interactive. Sa thèse a été publiée par L’Harmattan en 2008 sous le titre » Les images et les sons dans les hypermédias artistiques contemporains : de la correspondance à la fusion « . Il est par ailleurs musicien, compositeur et producteur de musique expérimentale.
Résumé : La musique populaire industrialisée par son usage intensif des différents médias (photo, vidéo, presse, radio, télé, éléments de scénographie…) et par l’importance de ces médiations au coeur de la création musicale est un des très rare exemple d’une situation trans-médiatique réussie. L’utilisation des médias est ici analysée comme une extension du geste musical initial et non comme un supplément rajouté (Hénion, 1993).
A partir de la notion de complexe multimodal musicalisé (Zénouda, 2017), nous exemplifierons notre propos avec le cas du collectif SPIONS (groupe musical hongrois de la fin des années 1970 et premier groupe punk du bloc de l’est). Issus de la scène de l’art de la performance de Budapest, le groupe a émigré à Paris puis Montréal. Dans une trajectoire parallèle à Genesis P. Orridge (Throbbing Gristle, Pychic TV) le groupe mêla des éléments conceptuels liés à la musique, la politique et l’ésotérisme (magie du chaos) intégrant ainsi le geste de l’art contemporain dans la culture pop. Le collectif innova également en intégrant en son sein, des artistes visuels (image, vidéo, scénographie…) dans une approche multimédia globale.
Dans la lignée des arts de la performance et avec comme visée de « changer la vie », nous pourrons alors expliciter deux notions :
l’utilisation des médias comme emblèmes (Hénion, 1993)
le rapport au temps juste (Kairos) dans une situation construite (Debord, 1957).
DARBON Nicolas, Musica multiplex : Dialogue du simple et du complexe en musique contemporaine, Paris, L’Harmattan, 2007.
DEBORD Guy, Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale, Paris, Auto édition, Juin 1957.
HENNION Antoine, La passion musicale, Paris, Metailié, 1993.
KRAJEWKSI Pascal, Art, med́ ium, med́ ia, Paris, L’Harmattan, 2018.
KUSEK David, LEONHARD Gerd, The future of music, Editions Berklee Press, Californie, 2009.
LEHMANNHarry,Larev́olutiondigitaledanslamusique,EditionsAllia,Paris,2017. – MARTIN Alban, L’âge de Peer, Editions Pearson, Paris, 2006.
POUIVET Roger, Philosophie du rock, PUF, Paris, 2010.
SOK Borey, Music 2.0, Editions IRMA, Paris, 2007.
SPERBER Dan, WILSON Deirdre, La Pertinence, communication et cognition, Editions Minuit, Paris, 1989.
TOOP David, Ocean of Sound : Musiques ambiantes, mondes imaginaires et autres voix de l’éther, Eclat, Paris, 2004.
TOURNES Ludovic, Du phonographe au MP3 : une histoire de la musique enregistrée, Autrement, Paris, 2011.
ZENOUDA Hervé, Scénographie numérique de la musique contemporaine in Parcours d’artistes au numérique : réseaux et création, Editions L’Harmattan, 2021.
ZENOUDA Hervé, La théorie de la pertinence comme outil d’analyse esthétique in revue LINK’s (CNRS), Paris, 2019.
ZENOUDA Hervé, Vers une Science de l’Information et de la Communication Musicale in « Métamorphoses numériques », Art, culture et communication (sous la direction de M. Pélissier et N. Pélissier), L’Harmattan, Paris, 2017.
ZENOUDA Hervé, Musique et communication au XXe siècle in Revue Hermès, Paris, 2014.
ZENOUDA Hervé, Les images et les sons dans les hypermédias artistiques contemporains : de la correspondance à la fusion, L’Harmattan, Paris, 2008.
SALLE DES THÈSES
Espace réservé aux intervenantes et intervenants de l’événement.
TROISIÈME PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Laura Santone
Professeur émérite de littérature française à Aix-Marseille Université, spécialiste du théâtre français du XXe siècle, Marie-Claude Hubert a publié/dirigé de nombreux ouvrages dont le Dictionnaire de la critique littéraire (Armand Colin), le Dictionnaire Beckett (Honoré Champion) et le Dictionnaire Jean Genet (Honoré Champion).
Résumé : Nous montrerons ici comment Beckett dans la deuxième partie de son œuvre utilise les médias pour sonder autrement qu’à la scène l’âme humaine. C’est le magnétophone dans La Dernière Bande qui lui permet de montrer comment le sujet est étranger à lui-même. Par le recours au théâtre radiophonique il souligne le caractère énigmatique de l’être dans Tous ceux qui tombent, l’ambiguïté de l’hallucination dans Cendres. Le cinéma dans Film et la télévision dans Dis Joe lui donnent la possibilité de poser deux des questions qui hantent son œuvre, celle de l’image et celle de la voix.
Agrégée de Lettres Modernes, docteure en Littérature et Civilisation françaises (Paris 3 Sorbonne / UMR 7172 Thalim Cnrs), professeure de Français Langue Étrangère et de Littérature française au Centre de Linguistique Appliquée (Université de Franche-Comté). Autrice de poésie et de romans, écrit et performe en collaboration avec musiciens, plasticiens, cinéastes. Membre de Remue.net et du collectif « Poésie commune » dans la revue Les Temps qui restent. Travaille sur les questions de voix, d’oralité, de rythme, de transsubjectivation en littérature et en arts, y compris dans leurs dimensions interculturelles et leurs implications didactiques.
Résumé : La voix poétique, en tant que lieu de subjectivation maximale du langage (Meschonnic, 1982), et a fortiori lorsqu’elle démultiplie encore sa pluralité interne en traversant les arts, peut-elle être considérée comme un média ? Quelle sorte d’activité vitale révèle-t-elle lorsqu’elle est (multi)médiatisée dans des œuvres hybrides et proliférantes ?
Prolongeant les recherches sur la notion de voix en littérature (Martin, 2017) par le concept de « passages de voix », qui scrute les modalités et les effets des croisements entre arts du langage, de l’image et de la scène (Cosnier 2023), il s’agirait ici d’adopter la position miroir de celle de chercheuse-artiste qui met habituellement à l’arrière-plan sa propre pratique artistique: chercher depuis mon point de vue d’écrivaine, en artiste-chercheuse, ce qui ouvre des réponses aux questions posées plus haut, en tout premier lieu par une prise en compte de la corporalité dans la vie du langage. En regard des essais de recherche-création qui plongent le « je » dans sa propre heuristique (Renutti et Galli, 2022), je propose une communication sous forme de création-recherche, une approche littéraire poétique vécue comme recherche, en me fondant sur ma propre expérience d’écrivaine, et en prenant appui sur les pratiques intermédiales d’artistes avec lesquel.le.s j’entre en dialogue dans mes activités (Carla Adra, enl’occurence). Cet essai s’envisage par une méthodologie interrogeant les démarches dites de l’« autothéorie » (Fournier, 2021), à la croisée des propositions artistiques et théoriques suggérées dans l’argumentaire.
Bibliographie sélective :
Adra, Carla. Site de l’artiste. https://carlaadra.com/.
Arsenault, Karen, et alii., éd. 2022. Écrire la recherche autrement. Axe I. Communication, Information médias théories pratiques. Vol. 39/1. 39/1. Laval : Université de Laval.
Cosnier, Frédérique. 2023. Passages de voix : essai d’anthropologie poétique, à partir des œuvres de Stéphane Bouquet, Christophe Manon et Frank Smith. Thèse de doctorat, Paris : Université de la Sorbonne Nouvelle.
Cosnier, Frédérique. 2021. Ubique. Coll. « Voix dans l’orme ». Montbéliard : la Clé à molette.
Fournier, Lauren. 2021. Autotheory as feminist practice in art, writing, and criticism. Cambridge, Massachusetts, Etats-Unis d’Amérique, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
Martin, Serge. 2017. Voix et relation : une poétique de l’art littéraire où tout se rattache. Théories. Taulignan : Marie Delarbre éditions.
Meschonnic, Henri. 1982. Critique du rythme : anthropologie historique du langage. Lagrasse : Verdier.
Renucci, Franck, et David Galli. 2022. «L’essai. Une recherche-création pour les sciences de la communication». Communication. Information médias théories pratiques, no vol. 39/1 (juin).
Tout en poursuivant des études littéraires et théâtrales en classe préparatoire et à l’université (Master 2 d’études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle), je suis formée à la scène au sein d’écoles et de conservatoires parisiens. Je fonde ma compagnie (Cie Ulysse Kaldor) avec laquelle je mets en scène, notamment, des textes d’Howard Barker et de Fernando Arrabal et je monte une installation sonore dans le cadre du premier « Colloque Jeunesse » initié par Wajdi Mouawad au Théâtre de la Colline. La création sonore prend de plus en plus de place dans mon travail de mise en scène. Agrégée de lettres modernes, j’enseigne pendant deux ans dans le secondaire avant d’entamer une thèse de recherche-création à l’Université d’Avignon (« La matière sonore au théâtre : vers une fabrique de paysages intérieurs ») sous la direction de Nathalie Macé-Barbier, Daniel Deshays et Julia Gros-de-Gasquet.
Résumé : Ma recherche-création veut accorder une prééminence au son dans la mise en scène, valoriser l’écoute et son pouvoir de suggestion au théâtre : elle flirte ainsi avec la création radiophonique et peut s’en inspirer. Dans son histoire, plus la radio a voulu s’affranchir du théâtre (qui a longtemps été son art de référence), développant un art qui lui soit propre – tourné vers le sonore et accordant aux bruits, aux sons, à la matérialité des voix, le même statut qu’à la parole -, plus, paradoxalement, elle fournit à ma recherche un terreau fertile. Au moment de l’émergence du média dans les années 1920, le producteur Paul Deharme voulait rapprocher la réception de l’œuvre radiophonique de l’expérience onirique. Comme Bachelard, il avait perçu a quel point la radio, parce qu’elle suspendait le regard, était inductrice de rêverie. C’est une conception nocturne de la radio, qui choisit l’axe de l’intimité, l’espace du dedans, la convocation de l’imaginaire et de zones inconscientes. Elle s’oppose à une conception diurne, beaucoup plus représentée depuis la fin des années 1980, et se situant du côté du reportage, du documentaire, du direct. C’est la première conception qui guide ma recherche, quand celle-ci puise dans le média. La radio a attiré certains auteurs, comme Nathalie Sarraute ou Marguerite Duras en France, comme Peter Handke en Allemagne qui, à l’instar de musiciens-chercheurs tels que Mauricio Kagel ou Luc Ferrari, ont pu y trouver un support à leurs expérimentations, un véritable laboratoire pour faire éclore des formes d’écriture singulières et sonores.
S’emparer aujourd’hui de ces textes écrits pour la radio, s’inspirer de ces expérimentations en les adaptant aux enjeux de la scène, me permet d’explorer la possibilité d’une dramaturgie sonore au cœur d’un geste de mise en scène. Ma démarche se distingue cependant de la radio-scénie (adaptation de créations radiophoniques sur scène – un des effets de l’éclatement du cadre radiophonique depuis les années 19901) : elle cherche moins à montrer la fabrique, les coulisses du studio radiophonique dans une forme de distanciation ludique, qu’à donner un sens nouveau à ces textes, à y ajouter une dimension nouvelle dans la confrontation des sons aux images et surtout aux présences et aux corps des acteurs et des spectateurs. Tout en exploitant les ressources technologiques que la radio a rendu familière (micros, bruitages, plans sonores, mixage, effets…), comment explorer les possibilités esthétiques et artistiques offertes par ces technologies sur scène ? Comment les choix de diffusion et de spatialisation des sources sonores, la confrontation entre sons médiés et sons bruts, sons préenregistrés et sons directs, par exemple, peuvent-ils permettre des jeux sur la présence et l’absence, la coexistence tangible de différentes temporalités, des frontières troubles entre intériorité et extériorité ? Ce sont ces questionnements, en dialogue avec ma création en cours, que je souhaiterais partager lors de ce colloque.
Bibliographie sélective :
ANTOINE Frédéric, Analyser la radio. Méthodes et mises en pratique, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2016.
ARNHEIM Rudolf, Radio, trad. Lambert Barthélémy et Gilles Moutot, préface de Martin Kaltenecker, Paris, Van Dieren éditeur, coll. Musique, [1936] 2005.
BACHELARD Gaston, Le Droit de rêver, chapitre « Rêverie et radio », Paris, Presses Universitaires de France, 1970.
BARTHES Roland, L’Obvie et l’obtus. Essais critiques III, Paris, Seuil, Points/Essais, 1982.
BIJSTERVELD Karin, José VAN DIJCK, Sound Souvenirs. Audio Technology, Memory and Cultural Practices. Transformations in Art and Cultures, Amsterdam, AUP, 2009.
BONNET François J., Les Mots et les sons. Un archipel sonore, Paris, Éditions de l’éclat, coll. Poche, [2012] 2022.
CARPENTIER Aline, Théâtre d’ondes. Les pièces radiophoniques de Beckett, Tardieu et Pinter, Bruxelles, De Boeck Supérieur, coll. Médias-Recherche, 2008.
CHAPPLE Fredda, Chiel KATTENBELT (dir.), Intermediality in Theatre and Performance, Amsterdam et New York, Rodopi, 2006.
DESHAYS Daniel, Pour une écriture du son, Paris, Klincksieck, 2019.
DESHAYS Daniel, Libertés d’écoute. Le son, véhicule de la relation, Paris, Editons MF, 2023. DEHARME Paul, Pour un art radiophonique, Paris, Allia, [1930] 2022.
HUGONNET C., P. WALDER, Prise de son, stéréophonie et multicanal, Paris, Eyrolles, 2012. MASSON Blandine, Mettre en ondes. La Fiction radiophonique, Arles, Actes Sud, 2021.
PARANTHOEN Yann, Propos d’un tailleur de sons, recueillis par Alain Veinstein, Arles, Phonurgia Nova, 1990.
PETTMAN Dominic, Sonic intimacy, Stanford, Stanford University Press, 2017.
STERN Jonathan, Une Histoire de la modernité sonore, trad. Maxime Boidy, La Découverte, 2015.
SOUS LE VOLCAN mettra en scène cinq êtres en quête de nouvelles coopérations et de nouveaux imaginaires. Au cours d’une sorte de cérémonie secrète, ils devront, pour faire face au chaos, plonger au plus profond de leurs mondes intérieurs, dans ces espaces intimes peu éclairés, cachés ou laissés silencieux. Pris dans un processus de transformation collective, ils s’abandonneront à l’effervescence d’une danse infinie faite d’unisson et de singularité, de fureurs et de tendresse comme une ultime tentative d’honorer la beauté du vivant.
Les Hivernales – Centre de Développement Chorégraphique National
18 rue Guillaume Puy
84000 Avignon
SALLE DES THÈSES
Avignon Université – Campus Hannah Arendt
74, rue Louis Pasteur – 84000 AVIGNON
Espace réservé aux intervenantes et intervenants de l’événement.
QUATRIÈME PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Christian Gerini
Maître de conférences en théâtre et littérature des XXème-XXIème siècles. Ses travaux portent principalement sur le Nouveau Théâtre et le théâtre contemporain, dans une perspective dramaturgique, historique et culturelle.
Résumé : La confrontation avec les médias audiovisuels parcourt l’ensemble de l’œuvre théâtrale de Jean Vauthier. Dans cette écriture, l’audiovisuel est à la fois un adversaire mortel, un partenaire de jeu et une occasion poétique. L’inscription en est donc ambivalente, entre rejet, fascination et intuition de nouveaux possibles du langage dramatique.
Conçu à une époque de développement patent des médias audiovisuels dans la vie quotidienne et dans le champ culturel, mais aussi à un moment où le fait théâtral se pense encore majoritairement en France comme issu de la page et gouverné par elle, le théâtre de Vauthier porte la marque nette d’une défiance. Dans L’Impromptu d’Arras, première pièce de l’auteur à être jouée publiquement (1951), la radio et la caméra sont associées aux séductions du factice et à tout ce qui menace la poésie ; mais, dans le même temps, leur présence en tant qu’obstacles permet une poésie nouvelle – fût-ce une poésie de l’empêchement. Quelques années plus tard, Le Rêveur met en scène la lutte entre un poète porteur d’un rêve fragile et un producteur de radio obsédé par la standardisation de l’objet à produire. En partie d’inspiration autobiographique, l’auteur ayant eu une collaboration alimentaire avec la radio, la pièce apparaît comme une illustration en acte de la « contradiction invention-standardisation » qui structure la culture industrielle selon Edgar Morin (L’Esprit du temps). Ton Nom dans le feu des nuées, Elisabeth, qui met en scène la captation par une équipe de tournage d’une représentation théâtrale, peut apparaître comme le rêve d’une revanche du théâtre sur l’audiovisuel. L’équipe de tournage figurée dans la pièce se trouve littéralement fascinée par l’actrice qui porte le drame. L’art de la présence réelle, semble dominer le médium audiovisuel. Mais il y a davantage : l’équipe de tournage en vient à contribuer à la « superthéâtralité » – terme employé par Vauthier lui-même – du moment. Ici comme dans Les Abysses, scénario et dialogues créés par Vauthier pour le film de Papatakis et qui tendent à se substituer au film lui-même, tout se passe comme si la présence des médias audiovisuels agissait comme un aiguillon qui pousse l’écriture à investir des territoires nouveaux – mais aussi à pousser au plus loin ses propres contradictions.
Au-delà des singularités du cas, l’inscription des médias dans l’écriture de Jean Vauthier permet de porter un regard sur un moment d’histoire du théâtre et sur ses relations avec le contemporain.
Bibliographie :
Hubert M.-C. (2008). Le Nouveau Théâtre. Paris : Champion.
Morin, E. (1962). L’Esprit du temps. Paris : Grasset.
Vauthier, J. (2015). L’Impromptu d’Arras. Paris : Champion. Vauthier, J. (1960). Le Rêveur. Paris : Gallimard.
Vauthier, J. (1963). Les Abysses. Paris : Gallimard.
Vauthier, J. (1976). Ton Nom dans le feu des nuées, Elisabeth. Paris : Gallimard.
Diplômée d’un Master de recherche et traduction en Études hispaniques de l’Université d’Avignon, elle est actuellement en première année de doctorat et travaille sur les relations entre violence et filiation en temps de répression dans le théâtre espagnol contemporain.
Résumé : Au sein du théâtre espagnol contemporain, le théâtre de la mémoire historique est une pratique artistique engagée. Elle met en lumière les zones grises des périodes de répression et les récits niés par l’Histoire. Né de la contestation populaire, demandant la réparation des injustices à l’État espagnol, le théâtre de la mémoire historique rend leurs voix aux victimes, celles que l’Histoire officielle a reniées (Breton, 2012). À travers l’écriture dramaturgique semi-fictionnelle, ce théâtre investi d’une mission cathartique, travaille à la réappropriation de son histoire collective par la mise en scène de la mémoire individuelle. Pour ce faire, les dramaturges réalisent en amont un travail rigoureux de documentation et de recueil de témoignage.
Laila Ripoll, grande représentante de ce courant, s’empare du dispositif numérique afin de proposer de nouvelles scénographies de l’Histoire. Dans Donde el bosque se espesa (Là où le bois s’épaissit), la dramaturge introduit l’intermédialité grâce notamment aux projections photographiques qui inondent l’espace scénique pour illustrer la narration. L’utilisation du numérique affirme une tendance grandissante du désir d’apporter la trace de ces autres vérités, et démontre également la volonté des dramaturges d’utiliser un langage adapté à la société dans laquelle nous vivions qui fait de l’image un support d’information central. Au cœur de l’œuvre théâtrale, ce dispositif imite la vision du personnage, il fait un zoom symbolique sur l’objet, sujet du discours des personnages, pour offrir aux spectateurs les mêmes informations. Le spectateur est alors comme excentré de son siège pour entrer au cœur de la scène. Le voile du quatrième mur ne semble plus exister.
L’utilisation du dispositif numérique sur scène apporte une transfiguration du paradigme relationnel avec le spectateur. En effet, ces formes hybrides remettent en cause le concept de dénégation. Qu’en est-il de ce « fonctionnement psychique qui permet au spectateur de voir le réel concret sur la scène et d’y adhérer en tant que réel, tout en sachant que ce réel n’a pas de conséquence hors de l’espace de la scène » (Anne Ubersfeld, 1996), lorsque le spectateur assiste à une narration proposée grâce à des images projetées sur scène ? Accepte-t-il également à ce réel virtualisé de la même manière ? Cette proposition fait-elle sortir le spectateur de l’illusion théâtrale pour entrer dans une réalité historique qui aurait une conséquence hors de l’espace scénique ?
Plus généralement, on peut se questionner sur les enjeux de l’introduction du numérique dans un art du corps tel que le théâtre. L’intermédialité grandissante n’est-elle pas une menace pour la pratique théâtrale traditionnelle ? Sommes-nous en train d’assister à un lent glissement vers une virtualisation complète du théâtre par une totale pratique numérique ?
Bibliographie sélective :
BRAVO, Francisca, Violaciones, insultos y el silencio obligado: la realidad de las mujeres represaliadas por el franquismo, El Diario, 28/01/2021.
BUREL, Erwan, LE CORRE-CARRASCO, Marion, MERLO-MORAT, Philippe (dir.), El teatro español contemporáneo de la memoria, Villa Hispánica Collection, Lyon : Le GRIMH. 2021, 1 vol. (95 p.)
DÍAZ-MARCOS, Ana María, “NN12 de Gracia Morales, teatro y memoria histórica”, Estudios de humanidades y ciencias sociales, ISSN-e 0719-1014, Nº. Extra 45, 2020.
GARCĺA-MANSO, Luisa, Género, identidad, drama histórico escrito por mujeres en España (1975 – 2010), 2013, Oviedo : KRK ediciones (412p.)
GONZALEZ, Madalena, LANDAU, Helen, Le Théâtre à l’ère du numérique. (2022) Éditions Universitaires d’Avignon.
JOLY, Maud, “Dire la guerre et les violences: femmes et récits pendant la guerre d’Espagne”, en Mélanges de la Casa de Velázquez, nº 37, vol. 2, 2007, pp. 199-220.
PAVIS Patrice, Dictionnaire du théâtre. Armand Colin, « Hors collection », 2019.
SARRAZAC, JP, NAUGRETTE C., Lexique du drame moderne et contemporain. Les éditions Circé, 2005.
UBERSFELD, ANNE, Lire le théâtre, Paris, France: Belin; 1996. 237 p.
SALLE DES THÈSES
Espace réservé aux intervenantes et intervenants de l’événement.
CINQUIÈME PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Marie-Caroline Neuvillers
Résumé : L’interaction entre les médias et les arts se manifeste parfois à travers la représentation de phénomènes sociaux et culturels. La mafia, en tant qu’objet de représentation exotique, offre un exemple paradigmatique de cette interaction, illustrant la manière dont les médias peuvent à la fois être influencés et façonner les perceptions culturelles et artistiques.
Depuis la fin du XIXe siècle, la presse, des deux côtés des Alpes, a contribué de manière significative à la diffusion de l’image de la mafia. La première apparition du mot « mafia » dans la presse française en 1874, dans une enquête publiée dans la Revue des deux mondes, marque un tournant dans la représentation de ce phénomène. Elle décrit la mafia comme une entité exotique et dangereuse, associée à des révolutionnaires siciliens aux « mauvais instincts ». Cette description ancre la mafia dans une perception d’altérité, caractérisée par une distance géographique, culturelle et morale entre les Siciliens et le reste des Italiens.
Cette perception exotique de la mafia perdure dans la presse contemporaine. Une analyse d’articles de journaux français tels que Le Monde, Le Figaro et Libération révèle que cette organisation criminelle est fréquemment présentée à travers des emprunts linguistiques italiens, des références à des films de fiction et des descriptions romancées. Autant d’éléments qui contribuent à maintenir la mafia dans une sphère d’altérité exotique, renforçant l’idée d’une distance culturelle qui la rend « autre » par rapport à la réalité française.
La représentation de la mafia dans les œuvres artistiques de fiction joue également un rôle prépondérant dans la construction de cet imaginaire exotique. Des œuvres littéraires et cinématographiques telles que Le Parrain de Mario Puzo et Gomorra de Roberto Saviano ont popularisé des images et des récits sur la mafia, oscillant entre la glorification épique et la dénonciation réaliste. Ces représentations artistiques influencent la perception publique, créant un imaginaire collectif qui associe la mafia à une figure romantique ou monstrueuse.
L’impact de ces représentations exotiques dans la presse et les arts est profond. En France, cette perception contribue à maintenir l’idée que la mafia est un phénomène spécifiquement italien, détaché de la réalité locale. Cette vision a ceci de pernicieux qu’elle minimise l’impact potentiel de la criminalité organisée sur le territoire français.
Nous nous proposons d’explorer la représentation de la mafia italienne dans les médias français, en nous concentrant sur les conséquences langagières et les implications culturelles et artistiques de cette représentation. Il s’agira de questionner les aspects mis en avant dans ces représentations et d’analyser comment ces choix influencent la perception publique et culturelle d’un tél phénomène. En examinant ces questions, nous tenterons d’apporter un éclairage nouveau sur les interactions complexes entre médias, arts et société, et à comprendre comment ces représentations façonnent notre compréhension du monde.
Bibliographie :
Balsamo, Antonio. 2016. « The delocalisation of mafia organisations and the construction of a European law against organised crime ». Global Crime 17 (1) : 99- 121.
Benvenuti, Giuliana. 2017. Il brand Gomorra: dal romanzo alla serie TV. Saggi 863. Bologne : Il mulino.
Cavaliere, Flavia. 2009. « Tradurre Gomorra lontano dal suo humus originario ». In Le rappresentazioni della camorra: lingua, letteratura, teatro, cinema, storia. Viaggio d’Europa 15. Naples : Edizioni scientifiche italiane.
Maccaglia, Fabrizio. 2013. « Gomorra, l’envers du décor. Fabrique de la ville, fabrique du roman ». In Lire les villes. Panoramas du monde urbain contemporain, édité par Anna Madoeuf et Raffaele Cattedra. Presses universitaires François Rabelais.
Meccia, Andrea. 2014. Mediamafia: Cosa Nostra fra cinema e Tv. Trapani : Di Girolamo.
Puccio-Den, Deborah. 2019. « Mafiacraft. How to do things with silence ». Journal of Ethnographic Theory – HAU 9 (3) : 599-618.
Ravveduto, Marcello. 2019. Lo spettacolo della mafia: Storia di un immaginario tra realtà e finzione. Turin : Edizioni Gruppo Abele.
Résumé : Cette communication vise à examiner comment la transposition matérielle et médiatique participe à l’ « artification » (Cezard, 2014) de deux objets discursifs : les collages féminicides et les mèmes internet. Le corpus est constitué, d’un côté, d’une dizaine de collages féminicides réalisés sur les murs parisiens pendant le mouvement de la constitutionnalisation de l’IVG en juillet 2022, ces collages sont ensuite photographiés et mis en ligne par leur compte officiel sur Instagram (https:// www.instagram.com/collages_feminicides_paris/) ; et de l’autre, de quelques mèmes diffusés en ligne et par la suite reproduits ou réimprimés sur les supports (pancartes ou t-shirts) pendant la manifestation (https://twitter.com/memes_de_manif).
Ces modes d’expression issus de la culture militante partagent le statut artistique ambigu. Les collages, considérés par certains comme une sorte de tissu urbain dégradé (Cirefice, Le Quang & Mak, 2022 : 21) subissent systématiquement des nettoyages ; le mème questionne également la frontière de l’art en tant qu’acte de communication réalisé sur les nouveaux dispositifs. La perspective pragmatique de l’ « artification » nous permet en revanche de décrire les processus et les transformations matérielles qui conditionnent la genèse d’un champ artistique, au lieu de définir un objet par ses caractéristiques intrinsèques.
Pour le collage féminicide, si la mise en ligne signifie l’auto-légitimation et l’auto-valorisation des créatrices, les publications ou les discours autour de ce phénomène constituent l’étape suivante de la production artistique par le biais de la reconnaissance et de l’évaluation. Parfois, les innovations linguistiques et sémiotiques, comme le néologisme ou un certain style rhétorique, témoignent aussi de l’émergence d’un art.
Dans cette recherche, ce « passage à l’art » est également renforcé par le passage intermédiatal. Les deux objets ont la capacité d’être recontextualisés dans diverses sphères socio-discursives (Marino, 2015). Les colleuses, en passant de la rue à l’écran, prolongent la vie de leurs créations éphémères et construisent leur identité militante et esthétique ; le mème, représenté comme « discours autre » (Authier-revuz, 2020) sur une pancarte, pourrait être photographiée et engendrer des cercles discursifs ou des détournements en ligne. Ce réinvestissement montre qu’un tel objet dynamique « ne peut être simplement copié, mais a besoin d’être acté pour exister » (Renaud, 2016 : 32) et que le changement de situations d’exposition, créant des couches énonciatives superposées, participe à la constitution de l’objet d’art à saisir.
Bibliographie :
Authier-Revuz J. (2020). La Représentation du Discours Autre : principes pour une description. Paris-Berlin : De Gruyter.
Cezard, D.(2014). Nathalie Heinich et Roberta Shapiro (dir.) De l’artification. Enquêtes sur le passage à l’art. Sociologie de l’art, 2014/1 : 252-256.
Cirefice, V., Le Quang, G. & Mak, A. (2022). Faire l’histoire des graffitis politiques. Entre appropriation de l’espace public et révolte graphique. 20&21, Revue d’histoire, 156 : 21.
Marino, G. (2015). Semiotics of spreadability: A systematic approach to Internet memes and virality. Punctum, 1(1): 43-66.
Renaud, C. (2016). Les mèmes internet : dynamiques d’énonciation sur le réseau social chinois Sina Weibo. Travaux de linguistique, 73 : 32.
Résumé : Le sacré s’oppose au profane. Mircea Eliade a montré que la nature de l’Homme s’est longtemps imprégnée de la culture religieuse, voire qu’elle est totalement envahie par le religieux. Avancer l’hypothèse que le profane soit l’opposé du sacré, c’est accepter de voir dans la violence un acte de désacralisation. Dans mon essai, je vais tenter de comprendre le geste de l’interdit qui appartient à une époque a priori révolue : l’iconoclasme et la proscription de la critique. Pour souligner la complexité de cette opposition sacré/profane, je m’appuierai d’une part sur un corpus de produits médiatiques issus de l’écosystème journalistique méditerranéen, notamment algérien et libanais, et d’autre part sur des entretiens menés avec des acteurs politiques, religieux et médiatiques que j’ai rencontrés sur le terrain.
SIXIÈME PANEL / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : David Galli
SALLE DES THÈSES
Deux courts métrages étudiants sur la thématique : « Médias & Arts » (2024)
Réalisation : Marine Piet, Clara Devilliers, Lou Marin, Sarah Noë-Bizais, Pauline Jarry, Elisa Debray, Solène Brenier, Alice Guillaud, Alice Iacono, Liam Pilette, Axel Dubois.
Encadrement : Pascal Genty, Benoît De Tugny, Mathieu Pradalet, David Galli.
TABLE RONDE / AMPHITHÉÂTRE 2E02
Modération : Gaëtan Rivière
Dans le cadre de ma thèse en recherche-création « Les mots et les gestes : chorégraphier l’œuvre poétique de Dominique Fourcade pour des publics diversifiés », je développe un solo de danse contemporaine : Nel Blu. À partir des recueils fourcadiens Le Ciel pas d’angle (1983), Flirt avec elle (2023), Ça va bien dans la pluie glacée ? (2024), on s’interroge sur la place qu’occupe le corps dans la vie quotidienne : comment le corps transforme l’espace-ciel qui l’entoure et dans quelle mesure il est impacté par la réalité dans lequel il se situe ? En modifiant l’espace et en étant modifié par ce dernier, quels sont les changements gestuels, émotionnels et politiques du corps dansant ? Dans quelle mesure les médias, en particulier la presse écrite, qui marquent notre vie en société peuvent affecter l’espace habité par le corps ?
Ces questionnements et un processus de création basé sur l’improvisation et la composition ont mené au solo Nel Blu : le sol est recouvert de journaux, des quotidiens que je commence à acheter quelques jours avant la date du spectacle jusqu’au jour j et que je lis en temps réel lors de la performance. Je traverse la scène entourée par le public, ce qui me permet d’établir un lien direct avec lui à travers la danse et les médias et de créer un moment unique qui s’inscrit dans la réalité qui nous entoure.
Après la présentation du solo de la durée de 20 minutes environ, un échange avec le public est prévu : nous pourrons ainsi nous interroger sur la spécificité de Dominique Fourcade en tant que poète proche de la danse et de l’actualité ; sur le rapport entre danse et littérature, en particulier danse contemporaine et poésie ; sur le rôle de la danse et, plus en général, des arts en recherche-création et sur l’impact des médias en danse.
Résumé : L’utilisation de dispositifs médias (photographie, vidéo, son, outils numériques) pour explorer et exprimer le vécu psychique ouvre des perspectives importantes en recherche, et notamment en recherche-création, dans différents domaines comme dans celui de la santé mentale. Ces dispositifs novateurs soulèvent des questions éthiques complexes, en particulier quand ils touchent à l’expression et à l’enregistrement de l’intime.
Cette communication vise à interroger les enjeux éthiques de ces pratiques à partir de deux expériences concrètes d’ateliers menés avec des patients et soignants. Le premier, « Expression de soi », a expérimenté différentes modalités d’expression du vécu psychique à l’aide de médias variés avec des jeunes adolescents d’un hôpital de jour de pédopsychiatrie. Le second, « Chuchoter le soin », a recueilli la parole de personnes sur leur vécu intime du soin.
Une analyse réflexive de ces ateliers permettra de mettre en lumière les questions éthiques rencontrées, de manière anticipée (comme la question de se dévoiler face au groupe) mais aussi rétrospective au fil des difficultés émergentes (comme l’effet d’entraînement du groupe, la qualité des données produites qui donne envie de les analyser, la question du consentement biaisé par l’intensité de l’expérience vécue et mon statut). On examinera notamment ce qui se joue dans l’articulation entre intime (ce qui est personnel, intérieur, caché), extime (ce qui est intime mais que l’on choisit de rendre public) et public.
L’hypothèse est que l’approche de recherche-création, par son ancrage dans la pratique, son caractère réflexif (permettant de mieux cerner précocement les problèmes et de les articuler avec notre positionnement) et itératif (permettant d’essayer d’autres modes de faire, au risque de l’erreur nécessaire pour apprendre), permet d’éclairer certains enjeux éthiques. Mais dans le même temps, elle en soulève de nouveaux qu’il s’agira de cerner.
Le propos s’appuiera sur des exemples concrets puisés dans les deux ateliers, l’analyse qualitative des retours des participants avec l’objectif de nourrir une conceptualisation à partir du terrain. On présentera les solutions élaborées (charte de consentement plus élaborée, moyens de communication, accompagnement des participants, droit de retour mais question du droit de censure), les pistes de travail envisagées mais aussi les questions non résolues.
L’enjeu est de contribuer à une réflexion éthique incarnée sur ces nouvelles pratiques à la croisée de la clinique et de la création.
Bibliographie :
COUTANT I. Troubles en psychiatrie. Enquête dans une unité pour adolescents. La Dispute, 2012
FINDELI A. La recherche-projet en design et la question de la question de recherche : essai de clarification conceptuelle. Sciences du Design, 2015, no 1, p. 45-57.
ANZIEU D., Le Moi-peau, Dunod, 1985.
ÉCOLE THÉMATIQUE INTERNATIONALE
David Galli © 2024
19 et 20 septembre 2024, Avignon